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Horace : sa vie et sa pensée à l’époque des Épîtres

par Edmond COURBAUD, (Hachette, Paris, 1914)

 

CHAPITRE IV - HORACE ET LES GRANDS


 

II - ÉPÎTRE 7. A MÉCÈNE.

Grave question qui se pose pour le poète retiré à la campagne, celle de son indépendance.
Pourquoi Mécène rappelle Horace auprès de lui. Pourquoi Horace refuse de revenir : nécessité de régler une bonne fois ses relations avec son ami.
Manière dont il refuse. Double mouvement de sa pensée et habileté de la composition. Les circonstances atténuantes.
L'anecdote du Calabrais; quel en est le sens ? La comparaison avec le vir sapiens. Comment comprendre les vers 22-25.
Le cuncta resigno centre de l'épître. Les trois récits qui suivent et la morale qui s'en dégage.
Rapport des deux éléments, récits et réflexions, dont se compose la pièce. L'épître envisagée comme œuvre d'art: l’histoire de Volteius Menas.
Impression que nous laisse cette lettre. Impression qu'elle a laissée aux écrivains postérieurs de l'Empire. Différence entre eux et Horace.


 

CETTE épître est une des plus célèbres du recueil, une de celles qui ont été le plus lues, citées, étudiées. Relisons-la encore cependant ; la pensée d'Horace est à l'ordinaire si subtile et si souple, qu'il reste presque toujours, dans le détail, quelque chose à y découvrir. Elle avait à se faire, ici, d'autant plus souple que la position du poète était plus délicate. Il lui fallait parler franc, non seulement à un ami (ç'eût été chose facile : on se doit la vérité entre amis), mais à un bienfaiteur, envers lequel la reconnaissance imposait la réserve. Et d'autre part, il ne pouvait se renfermer dans un silence absolu ; ne rien dire risquait d'aggraver les choses. J'ai déjà noté, à propos de l'épître 1, certaines divergences d'idées ou de sentiments qui existaient entre Horace et Mécène, mais qui n'étaient pas toutefois de nature à altérer leurs rapports; sur ces points-là les gens bien élevés finissent par s'entendre, chacun respectant les goûts et la façon de penser du voisin. A présent la question était plus sérieuse ; c'était pour Horace celle même de son indépendance, et il ne, s'agissait de rien de moins que de savoir si les bienfaits ne sont pas des chaînes.

Dans la crainte de cet esclavage, sagement, dès le début, il avait borné les libéralités de son ami : il n'avait pas accepté tout ce qui lui était offert. Plusieurs fois il est revenu sur cette idée qu'il ne tenait qu'à lui que Mécène le comblât de ses faveurs (1). Il s'est contenté du bien de la Sabine : beatus unicis Sabinis (2). « Ce petit champ, ce bout de jardin avec la source d'eau vive et le bois tout auprès, c'est assez, disait-il, c'est même, plus que je ne voulais (3) » Qu'aurait en effet pensé le public, s'il s'était conduit d'autre sorte, lui qui n'avait cessé de recommander la modération dans les désirs et l'amour de la vie simple ? En souffrant d'être riche, ne se serait-il pas mis en contradiction choquante avec lui-même ? Et puis, et surtout, ne savait-il pas qu'il faut avoir peur des richesses qui nous viennent d'autrui? Souvent le cadeau coûte trop cher à celui qui le reçoit. Cette propriété même de Sabine, qui lui a causé jusqu'ici tant de joie, qui dépasse tous les rêves qu'il a formés dans sa jeunesse (4), il n'hésitera pas à la rendre ; dès qu'il s'apercevra qu'elle compromet un bien plus important, qui est de rester son maître. Il a de longue date préparé Mécène à cette éventualité : Il lui a écrit jadis dans une ode : « Si la fortune m'est fidèle, tant mieux ; mais si elle commence d'agiter ses ailes pour me fuir, je lui restitue aussitôt les présents qu'elle m'a faits, je m'enveloppe de ma vertu et j'épouse sans dot une honnête pauvreté (5). » Resigno quae dedit, c'est déjà le cuncta resigno de notre épître.

Mécène, cependant, n'a pas compris l'avertissement et, quelques années plus tard, Horace, ayant quitté Rome à la saison chaude pour aller se reposer à la campagne, il le réclame auprès de lui, sans tenir compte du plaisir que le poète avait à goûter l'ombre et la fraîcheur dans sa vallée de la Digentia. Peut-être ne mesurait-il pas la portée de son exigence. Il avait cet égoïsme inconscient des gens malades ou maladifs, qui trouvent très naturel qu'on se consacre à eux tout entier. En outre il avait toujours été taciturne ; il avait besoin autour de lui d'une société joyeuse. Avec le progrès des ans et des infirmités, devenu de plus en plus un voluptueux triste, ce qui est la pire des misères, il pouvait de moins en moins se passer d'Horace, lequel avait bien perdu un peu de l'entrain de sa jeunesse, mais demeurait encore un assez gai compagnon pour distraire et amuser son protecteur. Peut-être enfin, à part lui, se croyait-il des droits sur quelqu'un qu'il avait obligé, et oubliait-il qu'il était l'ami, pour se rappeler seulement qu'il était le bienfaiteur. C'est justement ce qu'Horace ne veut pas ; il entend être traité en ami, et non en protégé. Il a accepté le bien de la Sabine à de certaines conditions, que Mécène semblait avoir admises, S'il y a eu malentendu, que chacun reprenne ce qui lui appartient, l'un sa villa, l'autre son indépendance. Horace ne devient pas un ingrat, pour reconnaître qu'il s'est trompé, et, de son côté, Mécène doit se convaincre que le véritable bienfait est celui qui coûte un sacrifice au bienfaiteur.

L'occasion s'étant présentée de le lui faire savoir, le poète écrit l'épître 7, qui est un chef-d'œuvre d'habileté. Le difficile n'était pas d'enlever toute illusion à Mécène. Puisque Horace avait pris son parti de sauvegarder sa dignité, le ton ferme et résolu s'imposait ; mais il fallait éviter qu'il ne fût trop ferme et résolu. Certaines gens ont l'infériorité impertinente,et il y a une insolence de la pauvreté, plus dangereuse en un sens que celle de la richesse, et plus malaisée à guérir, parce que le principe dont elle procède est un sentiment honorable. Horace a vu l'écueil. Il s'arrange pour que Mécène ne puisse se méprendre sur l'intention, mais aussi pour qu'il ne puisse être froissé de l'expression. Rien de cassant. Souvenirs personnels ou tirés de l'antiquité, anecdotes, fables, récits, dans aucune autre épître ces procédés, que l'auteur pourtant affectionne, ne sont aussi fréquemment employés ; il les multiplie ici, comme autant de moyens d'insinuer doucement ce qu'il veut faire entendre. Ce n'est pas que parfois la pensée ne s'exprime elle-même directement ; mais aussitôt arrive la narration ou l'apologue qui, par le charme de la fiction ou le recul de la mise en scène, atténue, adoucit, corrige ce que la réflexion avait de peu aimable. Il y a là un art très savant, qui dose avec une parfaite exactitude la fermeté et la douceur, qui tantôt se hasarde et tantôt se retient, avance puis se reprend, caresse après avoir porté le coup et, au total, remporte l'avantage, sans avoir causé de blessure trop sérieuse. C'est ce double mouvement, ce va-et-vient, dont il nous faut noter avec soin les oscillations ; c'est toute la trame de l'épître.

Donc, Horace était parti à la campagne vers la fin de juillet ; il avait promis de n'y rester que cinq jours. Cinq jours, nombre indéterminé, comme nous dirions huit jours (6) ; peu de temps en tout cas. Il reste absent tout le mois d'août. Bien plus, il ne reviendra pas de tout l'automne ; bien plus encore, il ira passer l'hiver dans le midi de l'Italie ; on ne le reverra qu'au printemps, avec la première hirondelle (v.1-13) ; les cinq jours seront devenus plus de cinq mois. Pourquoi cette longue absence, qu'il semble exagérer comme à plaisir? C'est une tentative hardie de rendre la situation plus nette. Si Mécène accepte l'épreuve avec ce qu'elle a de pénible, Horace est sauvé, et son indépendance assurée pour jamais. S'il n'accepte pas, Horace saura du moins à quoi s'en tenir; il agira en conséquence. Mais ainsi posée, l'alternative est brutale ; elle l'est moins dans l'épître, où elle s'enveloppe de formes et se présente avec une excuse. L'excuse, c'est une raison de santé (v.4 : aegrotare timenti.); nulle ne pouvait être meilleure auprès d'un valétudinaire comme Mécène. Horace a besoin, en effet, de se ménager: sibi parcet (v.11); il redoute le séjour de Rome à la fin de l’été ; septembre y est le mois des fièvres, des décès, des cortèges funèbres, celui qui donne tant à faire aux noirs employés de Libitine (7). Autrefois pour le fuir, il s'en allait à Préneste, à Tibur, à Baïes ou à Tarente ; depuis qu'il est propriétaire en Sabine, c'est dans sa petite maison des champs qu'il se met à l'abri de l'accablant « sirocco » (8). L'hiver, d'autre part, peut être froid à Rome. Remarquez qu'il ne dit pas : il le sera. Il dit : Quodsi bruma nives Albanis illinet agris (v.10, Il ne faut donc pas donner à la conjonction si une valeur temporelle (quand, lorsque)), et la phrase doit garder toute sa valeur conditionnelle; la neige ne tombait pas chaque année autour de la ville, sur les monts Albains. Délicatement, il ne ferme pas à Mécène tout espoir de le voir revenir. Mais dans le cas d'un hiver un peu rude, est-ce le moment pour lui d'affronter les frimas, quand les années l'ont rendu plus frileux, que sa poitrine est plus délicate, que son front dégarni l'avertit des atteintes de l'âge (v.25-26) ? Ne sera-t-il pas mieux, pelotonné au chaud (9) sur quelque plage abritée de la côte méridionale ? Il attendra pour remonter vers le nord le retour des Zéphyrs, les vents tièdes par excellence (10). Cette absence, du reste, Mécène est prié de l'autoriser, et permission lui est demandée: dabis veniam... si concedes (v.4-5 et 13). Enfin les expressions se font caressantes : vates tuus... dulcis amice (11), c'est-à-dire : « Tu es pour moi le plus tendre des amis, et je suis, moi, ton poète, le poète des Odes, celui qui t'est cher et considère comme son plus beau titre de gloire les louanges dont tu l'honores (12) ». Tous les détails, tous les mots sont, ainsi choisis en vue du but à atteindre : parler net, sans fâcher.

Alors, sans transition, Horace entame l'anecdote du Calabrais (v. 14-21.). C'est le début d'une série ; c'est le premier de ces récits qui vont jouer un si grand rôle dans la pièce et se succéder l'un à l'autre, à peine séparés par quelques vers de réflexion: manière vive, animée, pittoresque, qui donne à l'épître un charme particulier. La première anecdote est très probablement un souvenir personnel (13) et, sinon quelque aventure arrivée à Horace lui-même (quoiqu'il ne soit pas impossible), du moins une histoire qu'il a entendu raconter. Les origines d'Horace (il est né à Venouse, sur les confins de l'Apulie et de la Lucanie (14)) et ses fréquents séjours à Tarente le maintenaient en contact avec la Calabre voisine et les habitants du pays. Mais le Calabrais est aussi l'échantillon de toute une espèce, le type de ces bonnes gens mal élevées, qui ne savent pas vous faire un cadeau, sans en ruiner la valeur par leur manque de tact, ne s'étant jamais doutés que « la façon de donner vaut mieux que ce qu'on donne. » Celui-ci croit traiter largement son hôte; il lui offre des poires en abondance. « Prends-en tant que tu voudras, pour toi, pour tes enfants; ne te gêne pas. » Cela semble de la générosité ; mais attendons. Si l'hôte refuse les poires, on les donnera à manger aux pourceaux, et dès le jour même, car elles ne peuvent attendre. Que dire d'un présent offert dans de telles conditions? Mérite-t-il quelque reconnaissance? Est-ce même un présent, ce superflu méprisé, qu'on vous abandonne sans effort ?

Si tel est le sens de l'anecdote, comment, s'applique-t-elle à Mécène ? De la façon suivante. Ou Mécène ressemble au Calabrais et s'est contenté de prendre sur son superflu pour donner à Horace ; en ce cas, le cadeau de la Sabine ne lui aura pas coûté grand'chose, et il ne devra pas s'étonner qu'Horace ne se sente obligé que dans une faible mesure. Ou bien Mécène ne ressemble pas au Calabrais, et il a entendu attacher au don de la propriété, qui n'est rien, un bienfait qui a du prix en proportion de ce qu'il lui coûte, la permission pour Horace de vivre indépendant ; et alors il est l'homme sage, l'homme vraiment généreux, l'homme digne que l'obligé essaie de hausser son âme jusqu'à lui. Des deux alternatives Horace a eu soin de n'exprimer guère que la seconde, la flatteuse. La première, désagréable, ne sera pas posée directement ; il semble même l'écarter dès le début (v.14). Mais le rusé sait bien qu'au moment précis où il l'écarte, et parce qu'il l'écarte, il la signale encore; c'est une possibilité qui a effleuré au moins son esprit. Dire : « tu n'es pas comme le Calabrais », contient en soi un avertissement à ne pas être comme lui. La morale enfin sortira de l'anecdote elle-même et de la conclusion : haec seges ingratos tulit et feret omnibus annis (v.21)... Mais Horace se hâte de quitter un point délicat: à trop insister, il blesserait son ami ; et selon ce double mouvement dont j'ai parlé, mouvement de détente après une pression plus ou moins forte, il passe à ce qui fera plaisir à Mécène; la comparaison avec l'homme de sens.

Elle a été d'ordinaire mal comprise, cette comparaison (v.22-24), sur la foi sans doute du scoliaste qui interprétait quid distent aera lupinis (v.23) par quae sit differentia inter bonos et malos. Après les explications qui précèdent, elle cesse d’être obscure. Distinguer l'argent véritable de l'argent de théâtre représenté par les lupins, c'est bien en effet ne point estimer « la fausse monnaie à l'égal de la bonne (15) »; mais cette monnaie ne désigne pas, comme on le croit, les gens de mérite opposés aux indignes ; elle désigne les véritables bienfaits d'une part, et, de l'autre, les bienfaits apparents, ceux qui n'ont pas plus de valeur que l'aurum comicum. Le vir sapiens est justement celui qui fait la différence des uns et des autres, des vrais et des faux. Ainsi, la première des qualités du bienfaiteur étant de savoir distinguer entre les individus, pour n'obliger que ceux qui le méritent, il possède aussi la seconde : savoir distinguer entre les bienfaits, pour n'accorder que ceux qui en valent la peine. Ces conditions sont toutes deux indiquées par Horace : (vir sapiens) dignis ait esse paratus, c'est la première ; non tamen ignorat quid distent aera lupinis, c'est la seconde (16). Maintenant, Mécène les a-t-il remplies ? A coup sûr, il ne tient qu’à lui de le vouloir et, en assurant au poète dans sa retraite l'entière liberté de transformer ce qui ne serait qu'un médiocre présent en ce qui deviendra, dans toute la force du terme, un bienfait.

Voilà pour le bienfaiteur. Et l'obligé ? D'abord il doit mériter le bienfait. Horace juge, en conscience, avoir eu quelque titre à la libéralité de Mécène. Si discrètement qu'il veuille le marquer, il ne peut s'empêcher de rappeler que dans ce commerce d'amitié il n'a pas toujours reçu, il a aussi donné, il a mis de son fonds ; il a apporté sa gaîté, sa jeunesse, son esprit, les grâces de sa parole et de son sourire, (dulce loqui..., ridere decorum v.27), ce qui est bien quelque chose et ne se rencontre pas toujours dans les cercles les plus élégants ; il a chanté Cinara, l'amour, les festins (v.28) ; il a distrait et charmé son ami. Cependant il ne se tient pas quitte ; il sait qu'il doit encore de la reconnaissance. Et c'est avec joie qu'il en accepte l'obligation, car il n'est pas de ceux qui la trouvent un fardeau trop lourd à porter. Il ne craint même pas de se montrer jamais incapable de l'effort et inférieur à la tâche. Que Mécène essaie; que par ses actes il augmente encore ses bienfaits, il verra que la reconnaissance du poète sera toujours à la hauteur du service rendu. Avec affection et avec fierté Horace en prend l'engagement: dignum praestabo me etiam pro laude merentis (v.24).

Ce vers a été retranché par quelques éditeurs, sous prétexte que la métrique n'en est pas irréprochable, que la construction dignum pro laude est singulière, enfin que le futur praestabo n'a pas de sens, parce qu'il s'ensuivrait qu'Horace ne s'est pas encore montré digne des bienfaits de Mécène. Mais, 1° l'élision du monosyllabe après la césure se retrouve dans une autre lettre, l'épître II, 1, v. 114, où il faudrait donc aussi corriger le texte (L. Müller, d'ailleurs, n'hésite pas à le faire) ; 2° on ne doit pas construire dignum pro, ce qui serait étrange, je le reconnais ; pro laude merentis se rattache au verbe praestabo, ou, si l'on veut, à l'expression tout entière dignum praestabo me, mais non à dignum seul: c'est en proportion des services rendus que le poète se montrera digne; digne de quoi? de son bienfaiteur, mot facile à suppléer ; 3° quant au temps du verbe praestabo, L. Müller n'en peut plus saisir la nuance exacte, après s'être mépris sur l'ensemble du passage. Cette nuance est très intéressante pourtant: Mécène a un effort à faire, lequel n'est pas encore fait, pour compléter sa bonne action; et tout l'objet de la lettre est, précisément, de lui demander cet effort. A un présent étendu, agrandi, répondra aussitôt de la part d'Horace un surcroît de reconnaissance. Or tout cela est dans le devenir; le futur praestabo est donc nécessaire.

Il y a plus ; c'est tout le vers lui-même qui paraît nécessaire, parce qu'il exprime une idée indispensable, qui n'a pas encore été exprimée, celle de reconnaissance. Comment Horace aurait-il négligé d'en parler ? Alléguera-t-on que l'on connaît sa délicatesse, qu'avec lui la reconnaissance se sous-entend de soi-même et que « cela va sans dire » ? « Cela va encore mieux, quand on le dit », selon la réponse connue. Et Horace avait ici, pour le dire, deux raisons spéciales. Mécène lui avait fait savoir – par lettre ou par intermédiaire –- qu'il n'était pas content de cette longue absence ; peut-être se plaignait-il en termes un peu vifs ; peut-être même avait-il laissé échapper le mot d'ingratitude. S'il ne l'avait pas prononcé, Horace le devinait sur ses lèvres. Il lui fallait se disculper du reproche ou le prévenir, de toutes façons montrer comment il entendait pratiquer ses devoirs de reconnaissance. En outre, dans la situation particulièrement difficile où il se trouve, puisqu'il veut sauver sa liberté sans manquer aux égards envers son protecteur, ira-t-il se priver de l'argument le plus capable d'apaiser une affection en émoi ? Ne doit-il pas, au contraire, bien marquer cette idée que, s'il demande à Mécène un réel sacrifice, Mécène recevra beaucoup aussi en échange ? Le vers, qu'on prétend supprimer, sert de manière très heureuse les intentions de l'auteur.

Mais si Mécène ne consent pas au sacrifice demandé ? S'il persiste à rappeler Horace auprès de lui ? Alors la résolution d'Horace, est bien prise ; il rendra tout ce qu'il avait accepté : amicus Maecenas, sed magis amica libertas ; il retournera sans se plaindre à son humble condition. Cuncta resigno (v.34) : cette fois le grand mot est lâché; c'est pour ce mot que la lettre entière est écrite. Il est le centre ; ce qui précède, le prépare ; ce qui suit, l'atténue, en le reprenant pour le commenter. Si l'on conçoit la pièce comme divisée en trois parties – dans la première on a vu qu'Horace, annonçant qu'il ne reviendrait pas, reculait la date du retour, afin de mieux sonder le terrain ; dans la seconde il espérait que Mécène se résignerait à l'absence, ne voulant pas s'en tenir à une demi générosité,  –; la troisième, que nous allons aborder, en même temps que la plus longue, est aussi la plus importante; car le moment est venu des franches explications, et il ne servirait à rien de les retarder davantage.

Franches, ces explications le seront, mais selon la manière habituelle d'Horace, sans violence, entourées de ménagements dans la forme, et parées de toutes les grâces d'un esprit ingénieux. S'il y manque, malgré tout, par endroits la suprême déférence, la faute en est à la situation, non à l'auteur ; il y a de certaines choses qu'on ne peut dire que d'une certaine façon, et grâces et ménagements s'arrêtent devant la nécessité d'être clair. Du moins est-il évident que le poète a fait effort pour être ferme sans rudesse, pour cacher même le plus souvent la fermeté sous le voile léger et charmant de la fable ou du conte. Sur les 70 vers que contient cette troisième partie, 11 seulement expriment une intention directe, 59 prennent la voie détournée. La disproportion est énorme; elle est habile. En réduisant la part des réflexions personnelles, qui ne pouvaient guère être aimables, et en les employant surtout à encadrer les récits dont elles servent à préciser le sens et la portée, Horace se tirait de la plus grosse difficulté de son sujet.

Ces récits sont connus de tout le monde ; je m'en occuperai peu, mon objet n'étant pas de les étudier en eux-mêmes, mais de suivre à travers la composition de la pièce les démarches de la pensée du poète. Ils sont au nombre de trois. C'est d'abord la fable du petit renard (17), qui s'est glissé par une fente étroite dans un vase à blé rempli de grains ; il s'y engraisse et, devenu trop rebondi, ne peut plus en sortir ; il lui faudra se mettre à la diète pour retrouver, avec sa maigreur, la liberté. C'est ensuite un souvenir de l'Odyssée (v.40-43) : Télémaque refusant les chevaux que lui offre Ménélas, parce que ce présent de luxe, bon pour de gras pays, ne convient pas à la rocheuse Ithaque. C'est enfin l’anecdote relative à Volteius Menas, le crieur public gai, insouciant, heureux, qui a délaissé sa profession, tenté par la richesse, et en a perdu bientôt la joie de vivre (v.46-95). Remarquons que ces trois récits s'appliquent à Horace, représenté successivement sous les apparences du petit renard, de Télémaque et de Volteius, tandis que plus haut c'était Mécène qui était figuré par le personnage du Calabrais (v.14 sqq.). Remarquons encore que, si le sens général est le même dans les trois, la conclusion particulière à tirer de chacun d'eux est parfois un peu différente. La fable veut prouver que, pour être libre, il faut être pauvre, Avec Télémaque, il sera entendu qu'un train de vie modeste convient à l'homme modeste; mais la liberté n'est plus en question. La conséquence de l'aventure de Volteius est qu'on ne saurait impunément sortir de sa condition. Ceci se rapproche de la réponse du fils d'Ulysse à Ménélas ; la morale, dans le récit, est exposée avec plus de force et illustrée par un exemple qui la rend plus vivante ; mais au fond elle aboutit au même enseignement : être content de son sort. Et cette morale, nous la connaissons ; c'est la propre morale d'Horace. Contentum esse sua sorte, in propria pelle quiescere, auream mediocritatem diligere, nil admirari (18), toutes ces formules, variantes d'une même pensée, sont l’essence de la philosophie des Satires, des Odes, des Épîtres; il n'a pas prêché autre chose, dès l'âge d'homme.

Voilà donc Horace amené par les circonstances de la vie à mettre en pratique ses maximes tant de fois répétées aux amis jeunes et vieux qui l'entourent, et à montrer que ses beaux discours lui partaient, non pas seulement de la bouche, mais du cœur. Il attend l'épreuve ; il ne craint pas d'être jugé sur ses actes, qu'il lui sera facile d'accorder avec ses principes ; car il a toujours été sincère et, s’il a célébré la modération, c'est qu'il était capable de se l'imposer d'abord à lui-même. Il n'est pas de ces voluptueux qui, rassasiés de bonne chère, gorgés de mets délicats, trouvent que les pauvres gens ont bien de la chance de manger peu et de dormir tranquilles (v.35) : propos de table ridicules, presque odieux. Mais il dit vrai, lui, quand il affirme qu'il n'échangerait pas sa liberté pour tous les trésors des Arabes (19). Mécène peut s'en assurer; qu'il réclame ses biens : inspice, si possum donata reponere laetus (v.39). Horace les rendra aussitôt, et sans regret ; la pauvreté lui convient mieux que la richesse : parvum parva decent (v.44). – Il est donc riche ? – Tout est relatif. Il se considère comme riche avec la propriété de Sabine ; tu me fecisti locuplelem, a-t-il écrit au début (v.15). Alors, constatant que, né petit, il n'est pas resté petit, il se demande s'il n'a pas eu tort et si malgré la discrétion qu'il a mise à accepter les cadeaux de Mécène, il n'en a pas encore trop accepté. Mais, d'autre part, aura-t-il le courage de se reprocher le bonheur dont il a joui dans sa modeste villa ? Il faut avoir présents à l'esprit ces sentiments divers pour interpréter exactement le passage : mihi iam non regia Roma, Sed vacuum Tibur placet aut imbelle Tarentum (v.44-45). A Rome la magnifique, la royale, qu’il n'aime plus ; Horace oppose Tibur et Tarente, qui seuls lui plairont désormais : Tibur, notons-le bien, et non pas sa propriété, de Sabine ; ce n’est pas la même chose. Il n'y a aucune allusion à sa villa dans les vers en question ; de celle-ci il ne parle pas, et ne peut parler; le moment serait mal choisi. Il vient de dire à Mécène qu'il lui rendra tous ses biens, donc la villa avec le reste. Avouer qu’il s'y plaît, ce serait sembler y tenir et, sinon vouloir la garder, au moins hésiter à la rendre; laisser entendre qu'il ne s'y plaît pas, ce serait manquer à la vérité ; le mieux est de la passer sous silence. Mais que désigne-t-il par Tarente et Tibur ? Vraisemblablement deux petites installations, ou qui lui appartiennent en propre ici et là, ou dont il est seulement locataire. Les deux hypothèses sont possibles. Suétone mentionne une maison d'Horace à Tibur, qu'on montrait encore de son temps auprès du bosquet de Tiburnus (20); et le mot hospes du vers 14 de l'épître paraît indiquer que le poète louait aussi à l'occasion un logement chez l'habitant. En tout cas, à Tibur et à Tarente qu'il soit chez lui ou chez un hôte, le certain, c'est qu'il n'y est que modestement, petitement: parvo beatus. Puisqu'il se déclare prêt à vivre dans la médiocrité en restituant à Mécène les biens qui l'ont fait riche, il s'ensuit que, ni dans l'un ni dans l'autre de ces deux endroits; il ne lui reste d'habitation comparable, même de loin, à sa maison de Sabine, qu'il n'aura plus.

Je ne me dissimule pas ce que ces commentaires font perdre à l'épître d'Horace. Ils ont surtout l'inconvénient de renverser la proportion des deux éléments dont se compose la pièce, récits et réflexions, c'est un peu une trahison. Je suis obligé de développer les réflexions, pour expliquer la pensée; mais en les développant, je leur donne trop d'importance; tout cela est moins appuyé, moins lourd, moins considérable dans l'épître; la part de récits l'emporte. Chaque fois que la réflexion en se prolongeant risquerait de forcer la note, le récit intervient, non seulement pour apporter l'agrément nécessaire, mais pour rétablir le ton, où Horace veut se maintenir, d'assurance tranquille et de fermeté sans fanfaronnade. Le rapport entre les deux éléments est donc une condition essentielle de l'effet à produire sur Mécène, et c'est ce que notre commentaire se trouve avoir altéré. J’ajoute aussitôt qu'il ne pouvait guère en être autrement, et que nous avions à nous occuper surtout de la partie la plus difficile de l'interprétation. Les récits n'offrent aucune difficulté spéciale. Très importants au point de vue de l'impression générale et dernière, ils n'ont pas besoin d'être expliqués; ils se comprennent d'eux-mêmes. Il suffit d'avertir le lecteur qu'il devra les remettre dans l'ensemble de l'épître à la place qui leur revient.

Une étude complète ne pourrait se dispenser d'examiner la valeur de la pièce comme œuvre d'art ; elle aurait à insister tout particulièrement sur l'histoire de Volteius Menas (v.46-95) ; avec la fable des deux rats de la satire II. 6, Horace n'a rien conté de plus agréable. La vérité de l'observation, le pittoresque des détails, la finesse de l'analyse morale, la vivacité du dialogue, la grâce enjouée et alerte du style, tout concourt à faire de ce récit un modèle du genre : à lui seul il eût rendu l'épître populaire. Il faudrait donc montrer combien le personnage de Volteius a de relief et le suivre, depuis la boutique du barbier où il est aperçu un jour, flânant vers deux heures de l'après-midi après s'être fait raser, et se nettoyant tranquillement les ongles en homme exempt de préoccupations, jusqu'à sa campagne, où le malheureux devenu propriétaire se tue de travail et se ronge de soucis pour n'aboutir qu'à la ruine. Ce sont là les deux termes, point de départ et point d'arrivée ; mais il y a tout l'intervalle, la méfiance de Volteius quand Philippe lui propose de changer d'existence, son attitude chez le riche où il bavarde à tort et à travers, excité par le repas et grisé par sa nouvelle situation, son enthousiasme naïf d'ignorant étonné des moindres choses de l'agriculture, toute la transformation du citadin en campagnard (ex nitido rusticus, v.83), qui est décrite de main de maître et mériterait d'appeler l'attention.

Il y aurait aussi à tirer du conte des renseignements intéressants sur les mœurs populaires. Si l'on voulait faire revivre grâce à Horace quelques conditions de la société du temps, la figure de Volteius et sa profession de crieur public en fourniraient l'occasion. On marquerait l'importance des ventes à l’encan dans la vie romaine, où elles avaient fini par être un moyen d'échange habituel, employé dans les cas les plus divers (et de là, pour le dire en passant, tant d'expressions du langage empruntées à l'auctio). Même les gens en vue ne dédaignaient pas de fréquenter les atria auctionaria ou les autres emplacements de ventes, comme chez nous les amateurs du monde le plus distingué vont aux enchères à succès de la salle Drouot. Il se nouait ainsi des relations entre les assistants et ceux qui tenaient l'office de commissaires-priseurs. Ces praecones étaient de petites gens quand ils commençaient leur métier, souvent des affranchis ; mais ils pouvaient, en faisant fortune, devenir des personnages. Ils avaient généralement la réputation d'hommes d'esprit. Pour amuser le public et l'exciter à surenchérir, ne leur fallait-il pas de la verve, de la bonne humeur, des inventions plaisantes et sans cesse renouvelées ? A l'époque de Lucilius, deux d'entre eux étaient célèbres, l'un, Gallonius, par le luxe de sa table (la locution quaestum et sumptum Galloni sequi avait passé en proverbe (21)), l'autre, Granius, par ses saillies mordantes. Granius était lié avec le grand orateur L. Licinius Crassus et les principaux citoyens de Rome, qui le recherchaient comme convive ou même allaient dîner chez lui (22). J'ai dit plus haut que les repas étaient devenus une affaire très importante dans la société aristocratique de Rome ; mais ces réunions de table, d'où les femmes à l'ordinaire étaient exclues et qui ne comprenaient guère que des hommes occupés de politique, auraient risqué d'être bien graves et sévères, si l'on n'y avait admis certaines gens chargés de les égayer : c'était, en particulier, le rôle des parasites, qui payaient leur dîner en bons mots; cela pouvait être le rôle de beaucoup d'autres encore, qu'on allait prendre jusque parmi les gens du commun, pourvu qu'ils fussent amusants. C'est ainsi que Philippe, un homme d'État fatigué et qui veut rire, a l'idée de faire venir chez lui Volteius Menas : dic ad cenam veniat (v.60-61). « Un crieur public, pense-t-il, ce doit être un joyeux compère » Mais tout cela demanderait à être développé; je me borne à l'indiquer et je reviens à mon sujet.

La maxime qui termine l'histoire de Volteius, est la conclusion de l'épître tout entière. « Quand on a reconnu que dans un échange la chose cédée vaut mieux que la chose obtenue, il faut quitter au plus vite ce qu'on a pris et reprendre ce que l'on a quitté. Se mesurer à son aune, voilà le vrai (verum est, v.96-98). » Et le vrai en morale, c'est le bien.

Mécène, cette fois, comprit et n'insista plus ; il laissa Horace disposer de lui-même, à son gré. La liberté de langage du poète a surpris certains commentateurs. Le scoliaste de Cruquius trouve qu'elle va trop loin (durius aequo loquitur). Wieland suppose, pour l'expliquer, que Mécène avait dû écrire une lettre assez dure. Nous n'en savons rien, et la supposition est inutile; il suffit qu'Horace ait voulu couper court à toute menace d’exigence nouvelle. Ce qui me frappe surtout, c'est le calme et presque la sérénité que garde le poète ; il a le ton résolu, mais aucun mouvement d'humeur; nulle trace de cet orgueil maussade d'un Rousseau ; quelque chose d'allègre, au contraire, et qui sonne clair. Il est content d'avoir pris son parti ; c'est l'indépendance définitivement conquise, avec ou sans le bien de la Sabine ; s'il doit lui sacrifier certaines commodités de l'existence, qu'importe ? Il se sent de force à être heureux dans la médiocrité ; il le dit bravement et simplement, et il le fera comme il le dit, sans croire pour cela qu'il se conduit en héros.

Cette façon de traiter presque d'égal avec les grands seigneurs a causé l'admiration la plus vive aux poètes des âges suivants. Elle ne s'est guère retrouvée. Mais aussi faisaient-ils rien pour qu'elle se retrouvât, ces flatteurs sans dignité ? Je reconnais que les temps étaient plus favorables à Horace et lui permettaient davantage la franchise ; on était plus voisin de l'époque républicaine ; l’étiquette de cour n'avait pas encore toute sa rigueur; dans la suite, les princes furent moins abordables et les hauts personnages eurent plus de morgue. Tout de même, si les littérateurs avaient montré moins de bassesse, peut-être leur eût-on témoigné plus d'égards. Quoi qu'il en soit, et sans nous perdre dans des hypothèses, nous nous contenterons d'observer qu'ils ne lisaient pas l'épître à Mécène comme elle doit être lue. Ils enviaient le sort du poète, parce que Mécène avait toléré son langage et, bien loin de se fâcher, lui avait gardé toute son affection ; ils rêvaient pour eux le bonheur d'une pareille familiarité; mais avoir laissé dire; n'avoir pas voulu qu’un nuage, résultat d'un caprice, compromît plus longtemps l'intimité des relations antérieures, cela, c'est à l’honneur de Mécène tout seul. Au lieu de s'attacher au succès de l'épître, qui est chose secondaire en somme, ils auraient dû considérer surtout ce qui fait l'intérêt de la pièce et sa valeur morale : l'acte de volonté, l'effort courageux d'Horace pour se dégager une bonne fois d'une situation demeurée jusque-là, malgré tout, un peu subalterne.

Horace est parti de la situation de protégé, j'allais dire : presque de parasite, si le mot n'était bien gros. Mais pourquoi ne pas le dire, ce mot, puisque les contemporains ont pu y penser parfois et qu'un jour même il a été prononcé ? Certaines apparences au moins étaient contre Horace, que les méchants exploitaient. Car enfin il faut voir les choses telles qu'elles furent. Il y eut une période où Horace se montrait le commensal assidu de Mécène ; loin de sa table, il vivait encore de ses libéralités ; il acceptait de tenir de lui l'existence large qu'il menait. C'est à cette époque qu'Auguste écrivait à son favori, le priant de lui céder le poète comme secrétaire particulier: veniet ergo ab ista parasitica mensa ad hanc regiam (23). Et Horace lui-même a eu le sentiment que sa conduite autorisait une pareille interprétation ; inquiet, il se la faisait reprocher, dès la période des Satires, par son esclave Davus (24). Mais au temps des Épîtres, il s'est ressaisi ; il ne se laissera plus prendre au piège, il résistera à la tentation d'une vie facile chez les autres, et l'épître 7 est précisément l'occasion attendue de régler pour toujours, et dignement, la question de ses rapports avec Mécène. Les écrivains de l'Empire, qui se lamentaient en comparant leur fortune à la sienne, avaient raison de penser qu'il avait eu de la chance à naître en son siècle ; mais ils oubliaient que la plus grande différence entre eux et lui résidait dans le caractère des hommes et que, pour une amitié comme celle qui leur faisait envie, s'il faut qu'il y ait des Mécène, il faut encore plus qu'il y ait des Horace, c'est-à-dire des âmes capables à un moment de s'élever au-dessus d'elles-mêmes, et qui ne soient pas « des âmes pétries de boue (25). »


 
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— NOTES —

(1) Cf. notamment Carm. III, 16, 38 : nec, si plura velim, tu dare deneges.
 
(2) Carm. II, 18, 14.
 
(3) Sat. II, 6, 1 sqq.; Epod. 1, 31.
 
(4) at. II, 6, 3 : auctius atque Di melius fecere.
 
(5) Carm. III, 29, 53 sqq.
 
(6) Cf, Sat, I, 3, 16 quinque diebus Nil erat in loculis; II, 3, 289 mater ait pueri menses iam quinque cubantis.
 
(7) v. 5-9. Sur cette crainte de l'automne à Rome, voir encore Sat. II, 6, 19 sqq.; Ep. I, 16, 15-16.
 
(8) Sat. II, 6, 18. plumbeus Auster.
 
(9) v. 12. Trois sens possibles de contractus : 1°. la simplicité opposée au faste de Rome (cf. contracta paupertas, Ep. I, 5, 20; habitare contractius, Senec., de Tranq. an., 9, 3). – 2°. attitude du lecteur qui étudie attentivement (contractus opposé alors à distractus). – 3°. attitude du frileux replié sur lui-même, ramassé comme en boule pour avoir plus chaud. C'est le sens à adopter, celui qui est pittoresque et fait image.
 
(10) Georg. I, 44. - Le zéphyr, nommé proprement Favonius en latin; cf. Carm. I, 4, 1 : Solvitur acris hiems grata vice veris et Favoni.
 
(11) v. 11-12. Vates n'a rien ici « d'une solennité plaisante» (Lejay, éd.petit in-16, p. 482, n. 2). C'est le mot qui désigne le poète lyrique; il prend dans le passage une gravité affectueuse: cf. Carm. II, 6, 24 vatis amici.
 
(12) Carm. I, 1, 35 quodsi me lyricis vatibus inseres, Sublimi feriam sidera vertice.
 
(13) Pour les souvenirs personnels d'Horace, cf. dans la Sat. II, 3, 168 sqq. une histoire arrivée à Canusium, aux environs de Venouse.
 
(14) Sat. II, 1, 34 Lucanus an Apulus anceps.
 
(15) Molière, Tartufe I, 5, 338.
 
(16) Toute autre interprétation ne tient pas compte ou du sens de dignis ou de la valeur de tamen. C'est ce que M. Lejay a très bien vu (ouv. cit., p. 483, n. 2).
 
(17) v. 29-33. J'avoue que je ne suis pas choqué comme certains critiques allemands (voir la longue note de L. Müller) par la présence de ce renard dans un récipient à blé. C'est une invraisemblance. Mais les fabulistes en sont-ils à une invraisemblance près? Horace n'attachait sans doute pas grande importance au choix de l'animal. Tous les mss. donnent volpecula. La correction nitedula est inutile.
 
(18) Sat. I, 1, 1-3; 6,22; Carm. II, 10, 5-6; Ep. I, 6, 1.
 
(19) v. 35-36. Il faut faire attention que satur altilium tombe sur les deux propositions et se rattache aux deux verbes, à non muto aussi bien qu'à laudo. « Ce n'est pas (entendez: ce n'est pas seulement) quand je suis repu d'oiseaux engraissés que je loue... et que je refuse d'échanger...» Les deux nec ne sont donc pas en corrélation, malgré les apparences. Le premier forme avec satur altilium un groupe négatif qui commande l'ensemble de toute la phrase.
 
(20) Suet., p. 47 Reiffersch. domusque eius ostenditur circa Tiburni luculum.
 
(21) Cic., pro Quinct., 30, 94.
 
(22) Cic., Brut., 43-160.
 
(23) Suet., p. 45 Reiff.
 
(24) Sat. II, 7, 40 sqq.
 
(25) La Bruyère, Des biens de fortune.



 

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