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Le Prince, le Ministre et la Grenouille

Une interprétation de l'épode 1 d'Horace, par Baudouin SCHMITZ

 


 
NOUS sommes en 31 a.C.n. Le destin de Rome et de l’Occident est sur le point d’être scellé pour de longs siècles. À ce moment les acteurs de la pièce qui va se terminer l’ignorent encore. Ni Octave ni Antoine ne parieraient un seul as sur l’issue de la confrontation finale. L’histoire a voulu que le dé roulât une dernière fois à Actium. Octave remporta la mise.

Ne nous méprenons pas : débarrassée de ses habits mythiques, la bataille navale d’Actium se réduit à “une triste affaire” (1), à quelques petites passes d’armes. Sénèque, quelque nonante années plus tard, tiendra des propos sévères sur la victoire d’Actium : post mare Actiacum Romano cruore infectum (2). Ne nous méprenons pas, le vainqueur, ou plutôt celui qui s’appropria la victoire, je veux dire Octave – futur Auguste – n’y est, une fois de plus pour rien : il est militairement incompétent, s’est emparé des victoires remportées par Agrippa (dont celle d’Actium) et Antoine, lorsque celui-ci était encore de son côté (3). Sa seule action d’éclat est d’avoir sacrifié trois cents chevaliers à Pérouse. Cette exécution en masse était un acte de terrorisme (4). Sénèque, encore lui, mentionnera cette hécatombe – post Perusinas aras – (5) pour illustrer la cruauté d’Octave “ruinant les foyers de l’antique Étrurie” (6).

Nous sommes en 31 a.C.n, et Mécène, à en croire Horace, va accompagner Octave dans la campagne qui se terminera à Actium, le 2 septembre 31 (7). Mécène, Horace, Octave : voilà un trio peu banal, mais bien réel. Au point que l’un des membres existe rarement sans les deux autres. L’épode 1 en est une illustration qui, écrite par Horace, s’adresse à Mécène et cite dès le vers 3 Caesaris. L’amitié est au centre du poème ; elle irradie, tel “le miel à travers les rayons”. Mécène est sur le point de partir “dans la campagne qui devait aboutir à Actium” (8), et le poète qui “à ce moment s’est pleinement rallié au régime d’Octave” (9), dit à son ami les appréhensions qu’il éprouve à le voir partir, et, dans sa tendresse inquiète, se déclare prêt à le suivre “partout où il ira” (10). Cette “amitié d’Horace pour Mécène” (11), sa “volonté généreuse, l’amitié sincère et touchante” (12) sont indéniables. “On ne doutera pas de la sincérité de l’affection dont témoigne la 1ère épode... Horace n’abandonnera pas son ami, il partagera tous ses périls.” (13).

De fait, on ne peut que saluer la grandeur d’âme du poète : il va abandonner l’otium pour suivre son ami et protecteur dans une aventure dangereuse (periculum v.3), où la vie est en jeu (superstite v.5) ; la campagne risque d’être longue et lointaine (v.11-13) ; il est de santé fragile (firmus parum v.16), mais fait preuve de courage (forti pectore  v.14); malgré la peur (metu v. 17), il est prêt à participer à cette guerre et d’autres encore (v.23-24), dans le seul espoir de rester dans les bonnes grâces du Ministre d’Octave (in tuae spem gratiae v.24 ) Rien de vénal chez le Vénousan ; aucune volonté de s’enrichir (v.25-30 ; 33-34). La bonté (benignitas v.31) de Mécène l’a comblé (ditavit  v.32.). Ce dernier lui rend la vie agréable (iucunda vita v.5-6), lui assure la douceur du temps (dulce v.8).

Concluons à bon droit qu’accompagner son bienfaiteur dans l’adversité est un juste retour des choses .

Pourtant, à lire l’épode au ras du texte, la légitime admiration pour “le sentiment le plus vrai et le plus ingénuement exprimé” (14) pâlit, laisse place aux questions qui engendrent le doute pour déboucher sur la remise en cause de l’interprétation traditionnelle. D’autant plus, nous devrons y revenir, que le poème, comme l’épode 2, est coulé dans le moule de l’épigramme. Regardons sa fin : nous y voyons la présence pour le moins étrange dans une situation tragique (Départ de Mécène ; risque de mort pour lui-même et Octave), de personnages de comédie (Avarus...Chremes ; Discinctus...nepos). Cette cauda venenosa nous invite à une relecture de l’épode et nous incite à nous interroger sur les véritables sentiments qui animent Horace.

Ainsi l’interrogation disjonctive utrum...persequemur /  an...laturi (v.7-10) doit-elle être réellement prise au sérieux ? N’est -elle pas déjà une ficelle du comique ? En effet, le poète dont on sait le goût pour le loisir, le calme et la retraite ; qui, selon ses dires, a abandonné son bouclier à Philippes (15), met-il sérieusement dans la balance d’un côté un otium, même non dulce (v.7-8) – on remarquera la litote grandiloquente – et de l’autre un laborem (v.9) périlleux et guerrier ? Concédons au lyrisme ce qu’il peut contenir d’excessif, soit ; mais admettons également qu’il n’est pas judicieux de noircir encore plus l’avenir de son ami, de son protecteur et patron (ne l’oublions pas) par l’énoncé d’épreuves plus rudes l’une que l’autre: les passages des Alpes, du Caucase inhospitalier, du dernier repli de l’Occident (v.11-13.). Nous pourrions, il est vrai, mettre ces vers sur le compte de l’ingénuité du poète, mais il est alors âgé d’environ 33 ans, a déjà vécu de lourdes expériences, souffert les affres des guerres civiles. Peut-on réellement admettre qu’Horace soit un doux naïf ? À vrai dire, il ne montre aucun signe de “tendresse inquiète”. Il faut nous résoudre à considérer qu’Horace est agressif envers Mécène. S’appesantir sur l’avenir de son ami, l’assombrir comme il le fait sont preuves d’ironie méchante. Et même plus, de bêtise. Car, que je sache, le chemin le plus court et le plus habituel pour relier Rome à la Grèce n’est ni les Alpes, ni le Caucase, ni l’extrême Occident...

Voici donc qu’apparaît un “nouvel” Horace : idiot et agressif envers son protecteur. Cela surprend, mais confirme bien que ce poème-cactus, contrairement à ce que pense Villeneuve, a sa place dans le livre des épodes (16). L’ironie méchante, la bêtise deviennent mépris et bassesse lorsque le Vénousan crache son venin sur Mécène, l’élégant Mécène, et le compare à un oisillon déplumé (implumibus pullis v.19). Oisillon déplumé qui, c’est absurde, va “partager les dangers encourus par César” (v.3-4), franchir, tel l’aigle, les hauts sommets montagneux ! La bassesse s’abaisse en cynisme quand ce cher poète fait comprendre que l’accompagner n’aidera pas son ami (non ut adsit auxili Latura plus praesentibus (v.21-22), mais que, très égocentriquement, cela diminuera la crainte dans son propre cœur (Comes minore...metu v.17).

En voilà assez. L’épode ne recèle aucune trace d’amitié envers Mécène. Horace nous montre un autre aspect de sa personnalité, peu reluisant. C’est ailleurs dans son œuvre qu’il nous faudra chercher les passages sur la tendresse éprouvée pour son ami, “issu d’ancêtres royaux”. Justement, à chaque fois que le poète mentionne son protecteur, il le fait dans des termes amicaux, admiratifs. Et si une pointe d’humour assaisonne parfois ses interventions, il s’agit d’un humour “bonhomme”.

L’épode 1 ferait exception. Cela mérite réflexion, encore.

Il nous faut donc reprendre le texte et – nous sommes dans une comédie – ôter les masques des acteurs, ou plutôt les rendre à qui de droit. Nous verrons alors que l’épode 1 est bien l’expression sincère de l’amitié envers Mécène, mais elle est ici secondaire ou plutôt elle n’est pas exprimée comme on le pense généralement ; pour des raisons que nous ne tarderons pas à découvrir, elle se tapit dans l’ombre de la vigueur de l’iambe qui a armé Horace “de traits teints du sang de Lycambès” (17). Et puisque évidemment “âpreté iambique” il y a (18) , il nous faut chercher la cible de l’iambe et en tirer les conclusions. Nous saurons alors enfin pourquoi non seulement le poème a bien sa place dans le livre des épodes, mais aussi pourquoi il était le seul à mériter d’ouvrir le recueil.

Accentuant la violence iambique, la succession à travers les quatre premiers vers de “b-p-c-” et surtout de “s”, renforcée par une accumulation de “i” (Ibis liburnis) donne une impression de dureté, de hoquets hystériques, de sifflements vipérins ; en outre, elle confère à ce passage l’allure d’un ordre proféré par un être despotique, qui ne souffre aucune discussion. Ce commandement adressé à Mécène ne peut venir d’Horace, son client. Qui d’autre est habilité à intimer des ordres aussi cinglants au Ministre d’Octave, si ce n’est Octave lui- même ? Il est d’ailleurs bien là : Caesaris (v.3). C’est la clé du poème : le trio peu banal est toujours bien le même, mais le rôle des acteurs a changé : le poème est bien d’Horace ; mais le locuteur est Octave (du moins ici) ; et ce dernier donne ses ordres à Mécène.

L’auteur de l’épode, amoureux de la Paix, et de la Liberté (il combattit à Philippes du côté de Brutus) n’aime pas Octave, tueur de Liberté et qui confond Paix et oppression (19). Ce “terroriste”, pour reprendre le terme de Syme, considère la campagne d’Actium au cours de laquelle l’ami, le soutien, le protecteur du poète risque de mourir, comme une aventure destinée à satisfaire sa seule cupidité (v.25-30). Son intention nous est signifiée dès le deuxième mot : il s’agit d’une entreprise de piraterie. En effet, liburnis (que l’on retrouve en Ode I,37 “célébrant” Actium) peut être considéré comme terme poétique, ou synonyme de navire léger, je veux bien: il désigne aussi et avant tout les navires des pirates d’Illyrie. Un spécialiste de la marine antique a d’ailleurs remarqué l’absence de liburnes à Actium (20). Usant de l’ambiguité lexicale du terme (l’élémentaire prudence exige que l’on n’affronte pas Octave en terrain découvert.), Horace, qui n’est pas historien et peut donc commettre cette (volontaire ?) erreur historique (21), nous dévoile une vérité autrement plus profonde. La suite lui donna raison.Octave “traita l’Egypte comme un domaine privé, comme un bien dynastique, excluant jalousement, de façon stricte, les sénateurs romains” (22).

Horace hait Octave. Il le dit. À mots couverts, dans un double langage dont il semble de plus en plus difficile de nier sérieusement l’existence. Agrippa l’appelait cacozelia latens. En voici encore deux illustrations, superbes et qui, bien comprises, nous font voir un Horace combatif, un poète de haut niveau, à la poésie éclatante.

– Tout d’abord, recourant cette fois à l’ambiguité grammaticale de la langue, Caesaris periculum (v.3.), le Vénousan veut crier, non pas le danger encouru par César, mais bien le danger créé par César, le danger qu’est César.

– Reprenons ensuite les vers 5 et 6, et accordons leur une ponctuation différente:

Non pas :
 
Quid nos quibus te vita si superstite
Iucunda // si contra gravis ?

Et nous, pour qui la vie est agréable si tu ( Octave) survis, //
pénible dans le cas contraire ?

Mais plutôt :
 
Quid nos quibus te vita si superstite //
Iucunda si contra // gravis ?

Et nous pour qui, si tu (Octave) survis, la vie est pénible, //
mais agréable dans le cas contraire ?

Ainsi est respectée la relation superstite / gravis que le poète a pris soin de mettre en évidence à la fin des vers.

Quid nos – “Et nous” : ces mots renvoient- ils au seul Horace ? À Horace et Mécène ? Ou plutôt à Horace, Mécène et tous les opposants présents, passés et à venir au régime tyrannique ? Toute l’habileté de notre très cher Horace, et elle lui est vitale, consiste à utiliser à son profit ce que la langue latine offre de polyvalences lexicales, d’ambiguïtés morphologiques, d’équivoques syntaxiques. Seuls les initiés, chante-t-il lui-même (Odi profanum vulgus), comprendront. Tout l’art du vates réside aussi dans l’emploi de mots, d’expressions qui conviennent aussi bien à Mécène, à lui-même et aussi à Octave. C’est le cas de inbellis ac firmus parum (v.16) : Octave a dû bien rire en lisant ce vers : il pouvait penser, à tort, qu’il concernait Horace (23), ou Mécène qu’il aimait tant moquer. Dans sa suffisance, il n’a pas compris que c’est lui que visait le Vénousan. Pourtant, les auteurs antiques en font foi, il était militairement incompétent et pleutre (24) : après avoir pris la fuite, malade, ne s’est-il pas caché trois jours dans un marais, à Philippes (25)? Octave, la grenouille des marais (26) ! Quel titre pour une comédie ! L’épode 1, rappelons-le, en présente des caractéristiques. Notre Horace, le Prince des Poètes, nous demande encore d’y penser : au vers 33 où entre en scène avarus Chremes ; aux vers 11-13 surtout dans lesquels Octave apparaît sous les traits d’un Hannibal (ennemi juré de Rome) de pacotille (Per Alpium iuga), d’un Alexandre de cirque (inhospitalem Caucasum), d’un Hercule de foire (occidentis usque ad ultimum sinum), bref d’un ersatz de Pyrgopolinice.

Horace nous invite au théâtre, synonyme de liberté(s), surtout sous un régime de censure (27). Précisons les rôles des vers 15 à 22 : le sujet de roges est Mécène ; le sujet de iuvem, le comes, l’avis est Horace ; les serpents (serpentium pluriel de prudence) sont Octave. La comédie est un pleur suspendu. L’oiseau-poète pressent qu’il ne pourra écarter indéfiniment la mort de l’ami, l’élégant, le raffiné Mécène que d’une antiphrase pathétique il qualifie d’oisillon déplumé. Comédie ! combien de comédies ont-elles été écrites sur le rythme iambique !

Comédie ! Voilà pourquoi apparaît au dernier vers dont on doit se souvenir absolument, le discinctus...nepos. Quel est-il ? Le prodigue débauché, désignant ainsi Mécène (28) ? Ou le débauché descendant de César (Caesaris v.3) ? Jouant sur la polysémie de nepos, à la fois “prodigue” et “descendant”, Horace nous souhaite de bien choisir !

Ibis Liburnis... Caesaris... discinctus... nepos...
“Tu iras sur tes navires, pirate... descendant débauché de César...”

Horace est décédé à l’âge de 57 ans. Sous le coup semble-t-il d’un soudain et gravissime ennui de santé qui l’empêcha de sceller son testament (cela demandait-il tant de temps et d’effort ?) De santé fragile (?) ne l’ avait-il pas écrit depuis longtemps lui qui nous conseille de croire le moins possible au lendemain ? Il put cependant selon Suétone désigner publiquement Auguste comme héritier (29). Nous ne pouvons pas nous empêcher de penser que les circonstances de la disparition d’Horace sont suspectes. Sa mort n’aurait-elle pas été encouragée ? Si tel est le cas, l’épode 1, et bien d’autres passages horatiens , en sont la cause.(30)

En fait, ce poème est avant tout un concentré d’acide sulfurique lancé à la tête d’Octave. À ce titre il mérite sa place en tête du recueil. Puis il est une marque d’amitié envers Mécène. Les “sentiments ingénus, tendresse inquiète, etc.”, cités au début, sont des interprétations légitimes, mais qui, malheureusement superficielles, édulcorent outrancièrement le poème. A vouloir lire Horace de cette seule manière, on passe loin à côté de l’intensité, de la gravité, de la profondeur, de la violence de sa pensée... au risque de devenir nous-mêmes un nouvel Octave, un autre Auguste, et de tuer le poète et la Poésie.

Baudouin SCHMITZ.
Athénée royal de Gembloux.

 

NOTES.

(1) R.SYME, La révolution romaine, Gallimard, 1967.p.283.
(2) Sénèque, De Clementia, III,9,1.
(3) Suétone, Auguste, X, XIII, XV, XVI.
(4) “Terroriste de Pérouse”: ces mots se lisent chez Syme, op.cit. p.247.
(5) Sénèque, De Clementia, III,9,1.
(6) Properce, El., II,1,29. eversosque focos antiquae gentis Etruscae.
(7) Le seul témoignage affirmatif de la présence de Mécène à Actium se trouve dans L’élégie ou les élégies à Mécène, v.45-49.(Les Belles Lettres.)
(8) F.PLESSIS et P.LEJAY, Œuvres d’Horace, texte latin, Hachette.
(9) P.GRIMAL, Le Lyrisme à Rome, PUF,1978, p.176.
(10) F.RICHARD, Horace, G.F.1967.
(11) F.VILLENEUVE, Horace, Odes et Epodes,1954.( Les Belles Lettres.)
(12) F.PLESSIS et P.LEJAY. op.cit. , p.239.
(13) J.PERRET, Horace, Hatier,1959.p.64.
(14) J.PERRET, op.cit., p.64
(15) Odes, II,7,9-10.
(16) F.VILLENEUVE, op.cit. p.198.
(17) Ovide, In Ibin, v.53-54.
(18) J.PERRET, op.cit. , p.63.
(19) Sénèque, dans une formule “coup de poing” dont il a le secret sanctionne ainsi le règne d’Auguste : “Ego vero clementiam non voco lassam crudelitatem – En ce qui me concerne je n’appelle pas clémence la cruauté fourbue.” De Clementia, III,9,2.
(20) J.ROUGE, La marine dans l’antiquité, PUF. Sup. 1975.p.127.
(21) Le poète utilise deux fois le terme liburnis à travers toute son œuvre : ici et en Ode, I,37. Les deux poèmes concernent Actium. Ce n’est pas une coïncidence.
(22) SYME, op.cit., p.286. Le fossé est grand qui sépare la réalité des faits tels qu’ils se sont déroulés et l’ histoire arrangée, la version officielle, celle de la propagande augustéenne mensongère. Ainsi, Res gestae Divi Augusti 27 : Aegyptum imperio populi Romani adieci ou encore, gravée sur le socle des deux obélisques qu’Auguste fit rapporter d’Egypte, l’inscription dont les derniers mots claironnent que l’Egypte fut soumise à la puissance du peuple romain Aegypto in potestatem populi romani redacta.
(23) L’aveu même du Poète selon lequel il connut à Philippes la fuite rapide et l’abandon sans gloire de son bouclier (Odes, II, 7, 9-10) n’implique en rien (si tant est qu’il faille le prendre à la lettre) qu’il fut un tribun militaire incompétent et lâche. C’est ce que souligne Fr. HINARD, “Les partis pris politiques du jeune Horace”. J.-Y. MALEUVRE, “Iccius et Pompéius, ou Horace a- t- il vraiment jeté son bouclier à Philippes ?”, RbPH, LXX (1992). T.1., pp 93- 108., émet l’hypothèse très convaincante que le locuteur réel de l’ode II,7 est Octave et que le lâche est bien le futur Auguste.
(24) “ il (Octavien) n’avait rien, d’un vrai général” dit Ph. DESY. , “De apolemos à imbellis. Valeur militaire et interprétation virgilienne.”, L.E.C., 65,2. 1997. p.136.
(25) Pline, H.N., VII,XLV. Philippensi proelio morbi, fuga et triduo in palude aegroti... Voir aussi, Suétone, Auguste, XIII.
(26) Octave-Auguste, enfant évidemment surdoué, pratiqua très tôt la langue des “chéries des Muses aux belles lyres” (Aristophane, Les Grenouilles). En effet, selon Suétone, Auguste, XCIV,10 : Cum primum fari coepisset, in avito suburbano obstrepentis forte ranas silere iussit, atque ex eo negantur ibi ranae coaxare – “il commençait seulement à parler, quand un jour, dans la maison de banlieue appartenant à sa famille, importuné par les cris des grenouilles, il leur ordonna de se taire, et depuis lors, dit-on, les grenouilles ne coassent plus dans ce lieu.” On ne sait malheureusement pas si pour faire taire les batraciens le tout jeune Octave appliqua en tous points la méthode dionysiaque. (Aristophane, Les Grenouilles, 209-268.)
(27) E. CIZEK, “La formation du principat d’Auguste”, Latomus, 57, 1998 p.94., parle de “authentique répression anti-intellectuelle qui incorpora d’autres purges impitoyables.”
(28) L’Elégie ou les élégies à Mécène, v.21. Sénèque, Ad Luc., 19,92,101,114. Macrobe, Sat, 2,4,12.
(29) Suétone, Vita Horati, 16.
(30) Lire par exemple, J.-Y. MALEUVRE, Petite stéréoscopie des Odes et Epodes d’Horace. T.I. Les Epodes.T.II. Les Odes. J.Touzot, libraire éditeur. Paris 1995-1997. Du même: “Horace assassiné : le dossier” (sur ce site)



 

Cet article de Baudouin SCHMITZ a paru dans la revue Disciplina, 12, 2000. Il a été révisé en 2006.
Droits réservés. – [Creative Commons license]
 
Mis en ligne sur l'ESPACE HORACE en juin 2006

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