ACCUEIL  |   OPERA OMNIA  |   ŒUVRES CHOISIES  |   POSTÉRITÉ LITTÉRAIRE  |   ÉTUDES  |   TRADUCTIONS ANCIENNES 

Œuvres complètes d'Horace, traduites par Henri Patin (1860)

CHANT SÉCULAIRE

 

 

— Poème séculaire —

Phébus, et toi reine des forêts, Diane, couple brillant, parure du ciel, toujours adoré, toujours adorable, exaucez-nous en ce temps sacré où les vers de la Sibylle ont voulu qu'une troupe choisie et pure de jeunes filles, de jeunes garçons, adressât aux dieux, à qui plaisent les sept collines, un chant religieux.
 
Bienfaisant soleil, dont le char brillant montre et cache la lumière, qui ne cesses de renaître, astre nouveau et pourtant le même, puisses-tu ne rien voir dans ton cours de plus grand que notre Rome !
 
Toi qui par la douce assistance fais éclore les fruits de l'hymen, protège les mères, Ilithyie, ou, si tu préfères un autre nom, Lucine, ou bien encore déesse de la naissance. C'est à loi de produire, de multiplier la postérité des Romains, de donner force aux décrets rendus par nos Pères pour la propagation des familles, à cette loi maritale qui doit être féconde en générations nouvelles ; afin qu'un autre cercle de dix fois onze années ramène les mêmes chants, les mêmes jeux, pendant trois jours et autant de nuits d'éclatantes fêtes célébrées par un peuple immense.
 
Et vous, Parques, dont la voix véridique prononce des arrêts irrévocables et toujours confirmés par le cours immuable des choses, ajoutez à nos destinées accomplies l'annonce de prospérités nouvelles.
 
Que la terre produisant en abondance et moissons et troupeaux offre à Cérès une couronne d'épis ; que tout ce qu'elle enfante croisse sous l'heureuse influence des pluies et des vents envoyés par Jupiter !
 
Tes redoutables traits désormais enfermés dans ton carquois, écoute, Apollon, avec douceur, avec bonté, les jeunes Romains suppliants ; écoute les jeunes Romaines, ô Lune, dont le croissant règne sur les astres.
 
Si Rome est votre ouvrage, si ces soldats d'Ilion, conquérants du rivage étrusque, avaient reçu de vous l'ordre de chercher de nouveaux foyers, une nouvelle ville, dans cet exil heureux où les guida, par une route sûre et libre, sauvé des flammes de sa patrie, le pieux Énée, pour leur rendre plus qu'ils n'avaient perdu; accordez, dieux protecteurs, à la jeunesse un esprit docile, des mœurs pures ; à la vieillesse une fin paisible; au peuple de Romulus des richesses, des enfants, de la gloire.
 
Ce que vous demande, en vous immolant de blancs taureaux, le petit-fils d'Anchise et de Vénus, qu'il l'obtienne de vous, que toujours il triomphe de ses ennemis et les relève après sa victoire !
 
Déjà son bras dont la terre et la mer ont éprouvé la puissance, déjà les faisceaux albains sont redoutés du Mède. Les Scythes, naguère si fiers, les Indiens viennent ici chercher des lois.
 
La bonne foi, la paix, l'honneur, l'antique chasteté, la vertu longtemps oubliée osent reparaître et se montrent à nos yeux avec l'abondance à la corne toujours pleine.
 
Si le dieu prophète, le dieu à l'arc resplendissant; le dieu aimé des neuf Sœurs, le dieu dont l'art secourable ranime les corps souffrants, si Phébus regarde d'un œil propice le mont Palatin, que par lui Rome et l'empire latin atteignent aussi heureusement, et plus encore, un autre lustre, un autre siècle !
 
Que la déesse de l'Aventin et de l'Algide, Diane, prête elle-même l'oreille aux prières de nos quindécemvirs, aux vœux de la jeunesse !
 
Mais ces vœux sont entendus de Jupiter et de tous les dieux. Nous en emportons l'espoir et l'assurance, nous qui avons appris à chanter en chœur les louanges de Phébus et de Diane.

 ACCUEIL  |   OPERA OMNIA  |   ŒUVRES CHOISIES  |   POSTÉRITÉ LITTÉRAIRE  |   ÉTUDES  |   TRADUCTIONS ANCIENNES 
[ XHTML 1.0 Strict ]  —  [ CSS ]